now avalaible — LADJA : JAZZ WITH A WEST INDIAN SOUL (1982)
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LADJA : JAZZ WITH A WEST INDIAN SOUL by LOUIS XAVIER.
LOUIS XAVIER est un artiste complet, sincère et talentueux. Il est à la fois : contrebassiste, guitariste – bassiste, auteur– compositeur, arrangeur, chef d’orchestre, acteur prolifique et influent de la scène parisienne depuis les années 70. On le retrouve à l’initiative de nombreux projets musicaux et culturels. Son histoire, c’est d’abord une histoire de rencontres et d’amitiés fidèles.
En 1968, il monte son 1er groupe avec des amis étudiants : EL CONJUNTO CHUNGO. Ce groupe s’appuie avant tout sur une rythmique talentueuse à laquelle s’ajoute le « vocal » (voix solo + chœur), et aussi un instrument mélodique pas toujours facile à trouver. Le saxophoniste JO MAKA en entend parler et se rapproche alors de cette fine équipe . Leur collaboration fonctionne immédiatement, les 2 musiciens deviennent rapidement inséparables. Les concerts se succèdent dans de nombreuses salles parisiennes. Agents et producteurs viennent les écouter à chacune de leur représentation. Au vu de leur talent, les propositions ne se font pas attendre, mais les amis refusent de rentrer dans un système qui, bien trop de fois, a brisé cette complicité éclose dans l’amitié, parce qu’un tel système est le plus souvent inféodé au pouvoir absolu et corrupteur de l’argent. « L’amitié n’a pas de prix » était bien la devise de ce groupe de « copains », de complices, et de frères.
Au début des années 70, LOUIS délaisse un peu la musique. Il rencontre par hasard le batteur d’exception, EDDY GAUMONT. Celui ci le motive à reprendre du service et ils décident alors de jouer ensemble. C’est la naissance du SYNCHRO RHYTHMIC ECLECTIC LANGUAGE. Ils donnent des concerts dans la plupart des salles et clubs de Jazz de Paris, ils fréquentent régulièrement le POP CLUB de JOSE ARTUR où LOUIS va rencontrer le producteur PIERRE LATTES. Une grande histoire d’amitié commence. PIERRE LATTES, entre autre, homme de radio, constatant les connaissances des Musiques du Monde de LOUIS, lui proposera même quelques années plus tard un créneau hebdomadaire sur FRANCE MUSIQUE.
En 1971, EDDY GAUMONT décède tragiquement. LOUIS prend alors le lead du SYNCHRO RHYTHMIC.
En 1973, LOUIS fait la connaissance du pianiste GEORGES-EDOUARD NOUEL, qui intègre rapidement le groupe. Et ce sera dans les années (productives) qui vont suivre la sortie de 2 albums, l’un avec le SYNCHRO RHYTHMIC ECLECTIC LANGUAGE :
– LAMBI : une production achevée, originale, inédite presque exclusivement instrumentale,
– FRANCK VALMONT : poète-chanteur, auteur/compositeur dont les textes et musiques empreints de force, d’authenticité, d’émotion auront alors trouvé avec le SYNCHRO, les interprètes à leur mesure.
Ce réseau d’amis, à la fois resserré et ouvert, s’affirme sereinement et aussi avec force et vigueur pour donner vie à de magnifiques projets artistiques.
En 1975, l’album CHODO de GEORGES-EDOUARD NOUEL, produit par PIERRE LATTES, est enregistré avec LOUIS à la guitare-basse, mais aussi avec SAINT-YVES DOPLHIN(cowbell, guiro, bel-air drum et percussion), DANY CAPRON(conga, cowbell, guiro, ti-bois et percussion), et FABRICE RABOISSON(drums et percussion). LOUIS y compose le magnifique morceau CESCA.
10 et 11 novembre 1977 : LOUIS XAVIER & X PLUS se produisent au FESTIVAL D’AUTOMNE (salle WAGRAM) avec THE LAST POETS. Le show est largement salué pour toute la presse Parisienne.
1982 : Création de RADIO MANGO
et sortie du LP LADJA : Jazz With a West Indian Soul.
LADJA : JAZZ WITH A WEST INDIAN SOUL produit par PIERRE LATTES, enregistré au studio TRANSLAB, en prise directe et conditions live, avec la précieuse collaboration de JO MAKA.
– LADJA : se réfère a la Capoeira, cette danse guerrière des Brésiliens, cette sorte de lutte très acrobatique, qui se pratique au son d’une musique spéciale, laquelle réglemente les différentes phase du combat,
– DELITO : thème composé par LOUIS XAVIER en hommage au percussionniste Guadeloupéen ALAIN DELOS,
– TROIS ILETS : nom de la commune Martiniquaise d’où est originaire le père de LOUIS XAVIER,
– HELIX : du regretté JO MAKA, fait allusion a L.X., initiales du prénom et du patronyme de LOUIS XAVIER, c’est aussi le nom d’une fleur, qui s’ouvre voluptueusement au soleil,
– STEPS : toujours de JO MAKA, en appelle à des pas de danse et aux marches d’un escalier qui doit mener a l’extase,
– MISS BEE : nom de la compagne de JO MAKA.
– MIGAN : en Créole, c’est le nom d’une spécialité culinaire à base de fruits de l’arbre à pain, de viande salée ou de porc salé.
Comme pour l’iceberg, la partie émergée (SYNCHRO-RHYTHMIC-ECLECTIC- LANGUAGE, puis LADJA, X+, …) a quelque peu occulté bien d’autres épisodes des vies musicales immergées marquantes qui ont été celles de LOUIS XAVIER, avant et après l’enregistrement de LADJA.
En effet, avant même la sortie de LADJA son activité musicale est déjà multiforme, car s’il continue à être leader de groupes de noms et de personnels différents (AGOUMAN, J.B.L.F.), il est aussi « sideman », ne s’interdisant pas, lors d’ enregistrements, d’assurer la partie de basse sous la direction d’autres leaders (comme pour l’album de NOEL MCGHIE & SPACE SPIES – TRAPEZE), ou lors de concerts (AMBROSE JACKSON) et même d’effectuer des arrangements pour certains titres d’autres artistes en formant, jouant et dirigeant alors des groupes créés spécialement pour la circonstance (Concubin et Concubine d’ANDRE BIALEK). Il lui arrive aussi d’assurer la partition originale de musiques de film, de ballet.
En dépit de cette riche activité musicale, qu’il sélectionne selon ses propres critères, LOUIS XAVIER n’a jamais cessé de se lancer dans d’autres domaines d’activités culturelles – du reste souvent proches de l’activité musicale. Ainsi, ayant été introduit par PIERRE LATTES à FRANCE MUSIQUE pour assurer une émission et ce, à l’époque de LOUIS DANDREL, LOUIS XAVIER va, pendant dix ans, être amené à diriger sur la bande FM une radio associative (tout en produisant dans le même temps quelques émissions cette fois pour FRANCE CULTURE), sans pour autant interrompre un instant toutes ses autres activités, en particulier celles concernant bien sûr la musique.
Ainsi il sera au FER PLAY, à la VIEILLE GRILLE, à LA CHAPELLE DES LOMBARDS, ou dans des salles de concerts ou dans des studios pour enregistrer quelques-unes de ses musiques originales encore inédites à ce jour (dont l’une avec MINO CINELU).
Deux de ces concerts ont heureusement été enregistrés :
– Au THEÂTRE NOIR, en 1983 avec GEORGES-EDOUARD NOUEL, GERARD CURBILLON, CHARLES BARRY etc. d’autres personnalités qui sauront avec bonheur s’intégrer au groupe et lui apporter toute la richesse de leur personnalité, comme ce fut le cas ici avec le clavier JEAN-PHILIPPE RYKIEL.
– En juin 1988, un remarquable concert donné pour la FÊTE DE LA MUSIQUE, en plein air à CACHAN. Il est à noter que la partie sax (ténor, soprano) était assuré cette fois par un célèbre musicien qui vient de décéder et avec qui LOUIS XAVIER avait eu l’occasion de jouer, alors étudiant, dans son fameux groupe, EL CONJUNTO CHUNGO : il s’agit du regretté LOUIS-JOSEPH MARCEL qui, ce jour-là, s’intégra à un tel point au groupe, qu’on était persuadé qu’il en avait toujours fait partie. Pour tous les musiciens du groupe LADJA c’était comme si JO MAKA était revenu parmi eux.
En 1984, avec comme directeur artistique PIERRE LATTES, il enregistre sur l’album FANM de JOSY MASS.
En 1992, il écrit successivement la musique de deux films d’animation, avec dans une des séquences d’un de ces films, l’intervention d’une chanteuse d’un célèbre groupe.
En 1995, le label MN qui avait produit LAMBI, du SYNCHRO-RHYTHMIC-ECLECTIC-LANGUAGE, rééditait les 4 titres de l’album en y ajoutant 4 inédits issus de la même session.
Il publiait aussi l’album FRANCK VALMONT ET LE SYNCHRO mais cette fois sous le titre de FRANCK VALMONT, MALÉRÉ.
Il a aussi été directeur musical, chef d’orchestre, musicien, et arrangeur de JOSY MASS. Il l’accompagne sur scène dans de nombreux pays.
En 2011 et 2013, il travaille pour elle, à l’écriture et aux arrangements de plusieurs titres sur 2 albums.
#pressbook :
10 et 11 novembre 1977 : LOUIS XAVIER & X PLUS au FESTIVAL D’AUTOMNE (salle WAGRAM) avec THE LAST POETS
Les deux remarquables prestations du groupe à la salle Wagram ont constitué un des évènements les plus importants dans la vie musicale parisienne et française des années 70.
(…) Le groupe est (…) formé à partir d‘un noyau des SYNCHRO RHYTHMIC ECLECTIC LANGUAGE qu’avait fondé (…) EDDY GAUMONT. Il comprenait (…) DOMINIQUE GAUMONT, frère d’EDDY (…) et musicien de MILES DAVIS, (…) JOSY MASSE, (…) HENRI BEDIN (guitare) et GEORGES-EDOUARD NOUEL (claviers), FRANCK VALMONT, les frères LAPIERRE (vocals et guitares), les frères COSAQUE (tambours groska), ALAIN DIES (timbales, dans le sens afro-cubain du terme, bongos, ti-bois, congas), DANIEL CAPRON (ti-bois et congas), JULIEN ANGLIO (congas), RAPHAEL MELT (tambour bel-air), MAURICE MOULANIER (ti-bois), JEAN YVES RIGAUD (violon) et bien sur JO MAKA (…). Enfin 4 danseuses et danseurs de Calinda : ARLETTE HARTOCK , JOCELYNE LAVERDURE, JOSÉ JEAN MARIE et JOËL JOYAU.
La prestation de X PLUS a commencé par une entrée en cérémonie (de caractère vaudouisant) par les frères COSAQUE aux tambours groska, ensuite un morceau étrange et fascinant avec un récitatif de FRANCK VALMONT et les réponses vocales et instrumentales véhémentes des musiciens du groupe (…). Cette frénétique improvisation reproduisait, l’atmosphère d’une veillée funèbre aux Antilles au cours de laquelle on célébrait les épisodes marquants de la vie du défunt, une coutume semblable existe en Louisiane, la Calinda (danse interdite durant la période de l’esclavage et prohibée longtemps après l’émancipation, car jugée trop lascive) est alors dansée avec un art consommé.
Ensuite une sorte de « blues à la créole ». Puis une évocation de la musique pratiquée autrefois par les esclaves. Succède au blues un morceau très dur avec une importante partie de violon électrique et de percussion qui symbolise la synthèse des cultures différentes, Une séquence d’inspiration free traduit toute l’ambiguïté de la situation de la culture et des rapports sociaux aux Antilles françaises, en Guyane française, a l’Ile de la Réunion.
JOSY MASS dans un chant magnifique (composé par sa mère et dédié a ses frères) intitulé « COURAGE OH » exalte la révolte contre l’injustice, la misère, le racisme, le paternalisme. FRANCK VALMONT clame un autre chant de révolte,(…) Puis une fantastique improvisation collective avec une partie de Fender bass hallucinante, une percussion démentielle et une extraordinaire partie de GEORGES-EDOUARD NOUEL symbolise l’heureuse synthèse des cultures mondiales dégagées des «systèmes» et proclame les espérances de paix entre les ethnies et les nations. (…) »
(JAZZ HOT – Novembre/Décembre 1977)
En première partie des LAST POETS, LOUIS XAVIER, qui devait être 8, puis s’est retrouvé à 16 + 4 danseurs. On en a eu pour notre argent. Maintenant qu’on a un orchestre nègre intra-muros, j’espère qu’on saura en profiter. Parce que ça en vaut la peine, foi de visage pâle.
(CHARLIE HEBDO – Novembre/Décembre 1977)
(…) C’est cette synthèse de nombreux mondes musicaux différents qui vont du Jazz au Rythmn‘n blues, en passant par la Salsa et, bien sûr, la tradition Antillaise présentée pour deux concerts dans le cadre du Festival d’Automne. Une musique qui illustre à la fois les innombrables courants d’échanges, à l’échelle planétaire, qui (…) témoigne de l’unité des musiques issues de l’Afrique. (…) Les percussionnistes cubains, qui ont tellement influencé la musique de l‘Amérique du Nord, s’appuient brillamment sur le temps fort pour créer leur polyrythmies savantes. Les Antillais, eux, font flotter le tempo dans une indécision savoureuse qui donne beaucoup de grâce aux chants qu’ils accompagnent. Un autre écho de l’Afrique, mais aussi riche, aussi varié que ceux qui ont fait la fortune des descendants de la grande déportation dont les conséquences n’ont pas fini d’étonner. Un écho qui devrait parler de plus en plus fort.
(SEMAINES MUSICALES INTERNATIONALES – Novembre 1977)
En 1980, il joue avec quelques-uns des musiciens qui marquent le plus le courant musical noir de l’époque à Paris : JO MAKA (saxophone), ADOLF WINKLER (trombone), BIBI LOUISON (piano), ALAIN JEAN-MARIE (piano), et d’autres, (…). Chez LOUIS XAVIER, la musique n’est pas figée dans un système, Jazz Afro-Antillais, chants traditionnels, Salsa, free Jazz. Elle est toujours vraie, infinie, dansante.
« Je suis Antillais et la culture Antillaise est ambivalente : quand bien même elle se veut avant tout occidentale du fait historique et politique, l’héritage Africain demeure. Aussi, alors que j’étais nourri de culture Afro-Antillaise, du folklore nègre, du folklore Africain des Antilles, j’apprenais la musique classique dans le même temps, puisque le système le voulait.
Je suis venu à Paris terminer mes études. On ne vient pas souvent de son propre gré en France. Quand on arrive ici, on devient concerné par un tas de choses, tout prend une autre dimension. On est dans un état d’hyper-conscience, d’hyper-sensibilité, et l’on découvre qu’il y a eu un marché de dupes dont nos parents ont été les produits directs.
On essaie alors de faire un retour vers soi-même. Pas un retour forcé, imbécile, outrancier. C’est une démarche philosophique humaine, dans les moindres gestes de la vie, pour découvrir ce qui est soi-même.
De la même manière, cette démarche je l’ai faite dans la musique. Essayer de rester moins en surface, d’aller au-dedans… Je pars de mes racines, avec l’acquis que j’ai eu malgré, ou avec moi, avec ma complaisance, et j’essaie de faire quelque chose, de rester antillais, même si la musique tend vers un universalisme.
(…) Ce qui compte dans la musique, c’est la sincérité. Il faut un certain niveau, un certain état d’esprit. Les fonctionnaires qui font de la musique systématique, ça ne m’intéresse pas. Il faut une musique qui laisse à chacun le soin d’être lui-même, de se remettre en question, de se libérer. C’est une forme de thérapie. Il faut qu’en sortant de là, on se sente bien.
(…) Longtemps la culture occidentale s’imposait sur les autres cultures. Mais l’Occident a pris conscience qu’il existait d’autres cultures, différentes. La démarche n’est peut-être pas volontaire, mais une sorte d’équilibre des cultures est en train de se créer à son insu. Plus que jamais l’Occident reçoit la culture noire, ce n’est pas négatif, Les jeunes occidentaux essaient de retrouver ce que l’Occident avait perdu depuis longtemps, cette purification dans l’art. Ils retrouvent le rythme. Ils vont s’éclater sur la Salsa, ils commencent à ressentir, à taper en mesure. . . Les choses commencent à évoluer… ».
(MUSIQUES NOIRES – 1980)
Le Jazz Antillais de LOUIS XAVIER, c’est un mélange étonnant et détonant. (…). Les drums à l’africaine ont remplacé la batterie, le violon des îles, le classique saxo et le piano côtoient la guitare électrique. Cela ne ressemble en rien au jazz de la radio -— vous savez, le dimanche soir, sur FRANCE INTER ou RTL. Et cela n’a que de très lointains rapports avec les ancêtres de la Nouvelle Orléans. Mais c’est du jazz, indiscutablement par la qualité du « rythme et de l’improvisation, par ces mélodies décortiquées et sans cesse recrées, qui vous prennent au fond des entrailles et vous font battre un peu plus vite le coeur. Mais il y a plus que cela : une nostalgie lancinante des îles, une nostalgie presque palpable, (…). Et, il y a surtout ce refus constant de la facilité, du déjà vu, du médiocre.
(…) Le théâtre fait salle comble chaque soir pour les récitals de ce Jazz Antillais. Et l’expérience de LOUIS XAVIER est une évasion perpétuelle d’un ghetto culturel qui les cerne sans jamais les retenir. Il n’est pas facile, il est vrai, d’être Noir Antillais à Paris, de faire du jazz et de ne point porter un nom anglo-saxon aux consonances musulmanes, type black-muslims, puisqu’ainsi en a décidé le show-biz. Mais la tentative est courageuse et digne d’intérêt.
(AFRIQUE – 1981)
En 1982 commence l’aventure RADIO MANGO. LOUIS XAVIER est professeur dans le secondaire, musicien, il possède une solide formation musicale classique. Bien avant l’apparition des radios privées, il appartenait déjà à l’univers radiophonique, puisqu’il produisait et réalisait des émissions sur FRANCE CULTURE et FRANCE MUSIQUE. C’est tout naturellement qu’au moment de la libération des ondes, c’est à dire a la suppression du monopole d’Etat, par la loi du 29 juillet 1982, que 3 amis métropolitains journalistes PHILIPPE LEYMARIE, JEAN WAGNER et JEAN PIERRE BRUNEAU, sont venus à proposer à LOUIS XAVIER de créer une « radio libre » ensemble. Mais passer de la production-réalisation sur RADIO FRANCE à une radio libre n’offrait pas le même confort matériel ni les mêmes conditions de travail. Le service public donnait des garanties pour obtenir des résultats . Il y avait un cahier des charges qui définissait le statut de chaque intervenant participant à une production radiophonique avec leurs règles corporatistes. C’était toute une chaine de métiers qui comprenait à la fois une équipe de réalisation et un service technique. LOUIS était devenu polyvalent pour réaliser le produit final. Il était capable de tout faire, à la fois, l’animateur mais aussi celui qui assurait les fonctions de réalisateur-journaliste-illustrateur sonore-documentaliste-mixeur de son souvent sans collaborateur. Cependant, cette précarité technique était compensée par la perspective de pouvoir traiter des sujets qui ne concernaient pas les radios traditionnelles.
(RADIO MANGO – Histoire d’une radio libre Antillaise en région Parisienne 1982/1992 – AUDE DESIRE)
La démarche de LOUIS XAVIER est simple : à partir de compositions et d’arrangements où s’exprime son vécu d’immigré Afro—Antillais, il établit le dialogue en refusant de se laisser emprisonner dans un ghetto culturel étriqué et stérile. D’où, a travers ses créations, une inspiration mouvante faite d’une grande sincérité et d’une remise en question jamais gratuite.
Par hasard ou a dessein Louis XAVIER a toujours eu a ses cotés des musiciens d’aires géographiques et quelquefois culturelles différentes (…). Il en résulte une symbiose étonnante et détonnante : harmonieux mariage des tambours, piano, violon, saxophone, guitare, synthétiseur, flûte…, pour marquer des rythmes forts, rouler en inventions, en improvisations riches, au sein desquelles les musiciens, frères d‘une même famille, pétris de la nostalgie d’une réalité noire perdue ou simplement lointaine, et du refus du facile, du déjà dit, se parlent et nous parlent.
(…) LOUIS XAVIER a su rester Antillais, coller à son identité, à ses racines, et, dans le même temps, créer une musique où se fondent l’âme Antillaise, l’âme Africaine, le Jazz.
(PIERRE SAINT LOUIS AUGUSTIN)
– LADJA : se réfère a la Capoeira, cette danse guerrière des Brésiliens, cette sorte de lutte très acrobatique, qui se pratique au son d’une musique spéciale, laquelle réglemente les différentes phase du combat,
– DELITO : thème composé par LOUIS XAVIER en hommage au percussionniste Guadeloupéen ALAIN DELOS,
– TROIS ILETS : nom de la commune Martiniquaise d’où est originaire le père de LOUIS XAVIER,
– HELIX : du regretté JO MAKA, fait allusion a L.X., initiales du prénom et du patronyme de LOUIS XAVIER, c’est aussi le nom d’une fleur, qui s’ouvre voluptueusement au soleil,
– STEPS : toujours de JO MAKA, en appelle à des pas de danse et aux marches d’un escalier qui doit mener a l’extase,
– MISS BEE : nom de la compagne de JO MAKA.
– MIGAN : en Créole, c’est le nom d’une spécialité culinaire à base de fruits de l’arbre à pain, de viande salée ou de porc salé. C’est le symbole d’une nourriture simple, savoureuse et revigorante. Ici, le symbole s’applique également à la musique très homogène que ces artiste Antillais, Africains et Métropolitains ont concoctée pour notre plus grand plaisir.
LOUIS XAVIER est un chercheur passionné, qui connait plus de choses sur les cultures noires que bien des ethnologues et musicologues. Comme je m’étonnais de l’existence d’arbres à pains aux Antilles, il m’explique qu’au temps des esclaves, les planteurs avaient importé de Polynésie ces arbres, qui assuraient une nourriture saine et bon marché. Bien entendu, les esclaves en firent une nourriture aussi délectable que le riz et les haricots rouges.
LOUIS ARMSTRONG terminait toujours ses missives par :
« Red Beans & Ricely Yours ! »
(JAZZ HOT – 1983)
Le Jazz (…) n’a plus le regard obstinément tourné vers la Grosse Pomme : l’étonnant contrebassiste antillais LOUIS XAVIER nous en fait la démonstration à la tête d’un combo sérieux (…). Cette fine équipe a choisi de sous-titrer son premier disque, LADJA : JAZZ WITH A WEST INDIAN SOUL. Cette musique est aussi forte et sensuelle que le punch du planteur. On en redemande déjà.
(LE NOUVEL OBS – 3 Juillet 1982)
JAZZ WITH A WEST INDIAN SOUL, traduction libre : « Du Jazz à la sauce Antillaise ». (…) Un mariage réussi, chaudement coloré, léger et le plus bel hommage rendu au talent de JO MAKA.
(LE MATIN – 8 Juillet 1982)
Exotisme à Paris, carrefour des Blackitudes. LOUIS XAVIER & LADJA font du Jazz sauce Caraïbes, solos tendres et tapis de tambour.
(ACTUEL – Juillet 1982)
LADJA est un disque souvenir, un disque hommage, un disque dédié á (…) JO MAKA. C’est avant tout un disque de copains fait par des copains. (…) enregistré en prise directe. (…).
(SANS FRONTIERE – Spécial été 1982)
LOUIS XAVIER à l’Escalier d’Or.
(…) Avec TALIB OUADIR KIBWE (USA – saxophones, flûte), YEGBA (CAMEROUN – saxophone), CHARLES AHMED BARRY (GUINÉE – guitare), BIBI LOUISON (MARTINIQUE – piano), AGYEMANG FREDUAH (GHANA – batterie), FRED « Junior » DESPLANDS (GUADELOUPE – percussions). (…)
Le Jazz de LOUIS XAVIER ne peut se réduire à des définitions comme « Jazz Afro-Antillais », « Jazz Caribéen » ou « Jazz Martiniquais ». C’est un Jazz à la fois tropical, intérieur et ouvert. Ça swingue doucement et calmement. Il y a quelque chose d’équilibré, une harmonie constante. C’est une musique qui lui ressemble, terrienne, qui peut manquer – qui a manqué — parfois de légèreté, mais qui transporte une chaleur dansante, une sincérité, des emballements passionnés, des cavalcades soutenues et joyeuses.